Oekumen  
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« Il vaut mieux ignorer absolument où l'on est, et savoir qu'on l'ignore, que se croire avec confiance où l'on n'est pas. »
Cassini, cartographe et astronome, XVIIIe siècle.



Les Grecs de l'antiquité ont défini l'oekumen, ou oecoumène, comme l'ensemble des terres habitables et exploitables.
Aux marges de ce monde connu, là où finissent les cartes, s'ébauchent les confins, terres d'épouvantement hantées par des créatures qui ne seraient pas forcément humaines, et où seuls survivent peut-être quelques ermites aux yeux brûlés.
Plus loin encore, au-delà des Colonnes d'Hercule, commence l'érème.

Dessinée d'après les récits de voyageurs téméraires et d'armées perdues, ou plus récemment grâce à des photos satellites abstraites, la carte est une première étape pour explorer, et par la suite s'approprier, l'érème. Elle s'appuie sur des points de repère physiques — montagnes, fleuves et lacs — ou artificiels, par un quadrillage normé. Ce réseau de points de repère permettra de tracer des itinéraires suivant les courbes géodésiques, avec des haltes, des étapes ou des ports de mouillage.

A l'opposé, que raconte une carte presque vide ? Fait-elle la promesse d'un territoire inconnu à découvrir, ou bien montre-t-elle très précisément une terre elle-même vide et désertique ? Utopie, non-lieu n'existant que sur une grande feuille quadrillée, carte au trésor d'écolier rêveur, ou description rigoureuse d'un espace lointain, aride et inhospitalier, dans lequel on ne peut que se perdre ?